Philippe FONTAINE

Du 18 janvier au 2 mars 2024

Cette deuxième exposition personnelle consacrée à Philippe Fontaine sera l’occasion de découvrir les dernières peintures à l’huile et dessins au crayon de couleur. Son travail tient de la modestie, de la discrétion, de la lenteur.

Il surprend par la profondeur et une forme d’intimité qui surgit d’une forme simple, qui à première vue pourrait s’apparenter à un à-plat de couleur en demi-teinte, et pourtant qui contient tant de nuances indicibles. Chacune de ses œuvres renvoie une vibration qui lui est particulière et avec si peu il parvient à l’essentiel.

 

« Des signes, telles des accroches s’estompent aujourd’hui, il reste ici ou là quelques griffures enfouies dans l’huile, oubliées les écritures, comme si dans une suite sans heurt je décidais d’en révéler l’absence. Passage en douceur vers une peinture aux couleurs sourdes et sombres souvent, toiles aux teintes baignées d’une lumière atténuée, exténuée de trop vouloir cacher, taire ce qui pourrait signifier. Ainsi donc ses petits rien disparus, la peinture se joue parfois en matières brossées, grattées ou lissées et trouve dans chaque toile sa singularité. Alors, d’occasionnels glacis adoucissent des tons, en réveillent certains, là un bâton de graphite trouble la couleur d’un voile gris, tel une étole de dentelle noire posée sur la peinture… et le regard se perd au gré des couches picturales. Ailleurs, le silence envahit la feuille au rythme du crayon de couleur qui se laisse aller au jeu des demi-teintes ou s’épuise soudain dans quelques traits discrets que la cire étalée enveloppe de sa délicatesse.

Tout est en place, couleur, matière,vibrations, rythmes, alors j’abandonne l’outil et reprends une feuille pour tout recommencer, y jeter quelques teintes à l’huile, le crayon n’est pas loin pour zébrer la couleur, imposer des accents qui seront recouverts probablement, trouver l’accord parfait peut demander du temps.

Face à la toile, l’œil s’égare, épie le moindre signe, trouve des points d’accroche, circule en tous sens, l’appréhende totalement, se replie sur un trait et le suit un instant, s’avance au plus près, pénètre la matière, se recule un moment pour mieux y revenir. Ce ballet se poursuit en quête de petits riens qui fondent la peinture, gestes discrets, traces enfouies, couleurs mêlées et glacis délicats. L’observateur se glisse d’œuvre en œuvre, guette ses sensations, se remplit de couleurs, de vibrations et de rythmes – puis abandonne, et enfin y revient, confirme son impression première et se laisse à rêver. Ce qui se joue ici est le plaisir de l’œil qui frôle la peinture, en goûte ses secrets et emporte ses mystères. » Philippe Fontaine, novembre 2023