Joseph Choï – texte de Vanessa Stchogoleff


Un étranger sans visage

Ce chineur trouve son inspiration dans les brocantes, au milieu de cartes postales familiales. Au fondement des tableaux de Joseph Choî des œuvres qui ne se limitent pas aux portraits, il se focalise sur une vision globale des modèles, se renseignant tout à la fois sur le corps, la condition sociale, les différents contextes des photographies originales…

En s’offrant à sa vision, ces visages lui renvoient leur propre regard, effigie de passage, empli de vie et d’histoire. Ces regards qui le lient à l’image relèvent d’une sorte de passivité qui s’exprime à travers la fascination. Une hypnose dont il capte l’essentiel, en privilégiant l’absence à la représentation formelle, chère aux artistes des périodes artistiques antérieures.
Sa fascination déplace le pouvoir naturel de la vue, démultipliant l’utilisation de la lumière qui ne révèle plus les identités exactes des sujets. La surexposition de ses créations renvoie aux procédés photographiques originels, mais peut être tout à la fois, la réalisation d’un album personnel qu’il dit ne jamais avoir possédé. Ces simulacres d’individus irradiants, existence étrangère au présent temporel et à la présence dans l’espace, se faufilent tels des fantômes rayonnants absorbés par la toile.

Devant ses œuvres, nous nous égarons dans l’abîme du reflet, la distance du regard cède la place à une proximité immédiate, notre présence s’efface devant ses absences. Sa peinture au pathos lourd de sens, d ‘« un étranger sans visage », pose également le spectateur devant l’impact de l’immigration et du déracinement avec toutes ses influences sur le questionnement identitaire.

Vanessa Stchogoleff