La chair de la peinture
Depuis toujours, Claude Marchat écrit des lettres d’amour. Ces déclarations, toutefois, n’ont pas comme destinataire une quelconque créature de rêve, telle que l’on en devine parfois au fond de ses toiles. C’est que cette étrange affection s’adresse tout simplement aux modestes composants de travaux qu’il fabrique, une infinie diversité des papiers. Papivore ou recycleur, l’homme les collectionne sans aucune distinction de marque ou d’usage et déclare : « j’en suis toujours en quête, des plus frustres aux plus délicats, quelquefois déjà utilisés, vieux bouquins, notes sauvages, vieilles factures qui s’empilent dans des cartons. »
De ce fait, employer le terme collage pour la production plastique de Claude Marchat relève du pléonasme. A sa façon, l’artiste se sert de la technique, inaugurée par les cubistes, et qui introduit des matériaux non-artistiques dans l’espace de la toile. Papiers collés, collages ont été les premiers signes qui annoncent un changement du rapport entre la réalité et la représentation.
Mais les temps ont changé. Geste iconoclaste de début du siècle, l’intrusion du réel dans l’univers artistique est devenue pratiquement la norme. Les collages de Claude Marchat sont, peut-on dire, à rebours. Ici, les papiers collés sont avant tout une autre façon de faire la peinture, d’organiser les formes, les couleurs et les textures que rien ne destinait à coexister dans un espace donné. Déchirés, les journaux ou les affiches se transforment en figures déroutantes, en signes provenant d’une calligraphie secrète, personnelle… Par chevauchements et recouvrements, le réseau multicolore atteint un équilibre entre couleurs chaudes et zones plus neutres, entre le plein et le vide, entre la stabilité et le flottement. Parfois, par figuration allusive, une courbe féminine se dessine… Un hasard, un fantasme érotique discret ? Certes. Mais aussi un rappel de ce que l’on peut nommer la chair de la peinture.
Itzhak Goldberg
De ce fait, employer le terme collage pour la production plastique de Claude Marchat relève du pléonasme. A sa façon, l’artiste se sert de la technique, inaugurée par les cubistes, et qui introduit des matériaux non-artistiques dans l’espace de la toile. Papiers collés, collages ont été les premiers signes qui annoncent un changement du rapport entre la réalité et la représentation.
Mais les temps ont changé. Geste iconoclaste de début du siècle, l’intrusion du réel dans l’univers artistique est devenue pratiquement la norme. Les collages de Claude Marchat sont, peut-on dire, à rebours. Ici, les papiers collés sont avant tout une autre façon de faire la peinture, d’organiser les formes, les couleurs et les textures que rien ne destinait à coexister dans un espace donné. Déchirés, les journaux ou les affiches se transforment en figures déroutantes, en signes provenant d’une calligraphie secrète, personnelle… Par chevauchements et recouvrements, le réseau multicolore atteint un équilibre entre couleurs chaudes et zones plus neutres, entre le plein et le vide, entre la stabilité et le flottement. Parfois, par figuration allusive, une courbe féminine se dessine… Un hasard, un fantasme érotique discret ? Certes. Mais aussi un rappel de ce que l’on peut nommer la chair de la peinture.
Itzhak Goldberg
Texte